Carlo Rovelli par-delà le visible

 

Mon article 2: Le temps n'existe pas.

 

 

 

 

 

Livre de carlo rovelli par-delà le visible http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article673

 

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I) Introduction.

Comme je l'ai dit dans Dans mon article 1, je viens d'interrompre mes articles à propos du  livre de Lee Smolin "La renaissance du temps" au chapitre 14 Je vais d'abord approfondir la question du temps avec la lecture du livre de Carlo Rovelli "par-delà le visible, la réalité du monde physique et la gravité quantique". Dans cet article 1), j'ai sauté directement à la troisième partie:  espace quantique et temps relationnel. Après les rappels historiques passionnants et des explications dont Carlo Rovelli a le secret concernant la relativité et la physique quantique, leurs limites et questionnements et qui ont abouti à ce que Lee Smolin décrit comme la crise de la physique avec son "rien ne va plus en physique", nous abordons ici les mystères de la gravitation quantique dont l'ambition est de dépasser ces problèmes et limites par une nouvelle théorie qui en réalisera peut-être l'unification. En effet, affirme le site matierevolution.fr"Aujourd’hui, notre physique est dominée par deux grands corpus théoriques : la relativité et la mécanique quantique. Malheureusement, ils semblent inconciliables, et chacun nécessite une conception du monde qui s’oppose à celle de l’autre. Ces problèmes sont particulièrement apparents lors de l’étude de l’univers primordial, des trous noirs et de la nature du vide. Les théoriciens cherchent une nouvelle théorie qui harmoniserait la physique. "

2) Le temps n'est pas ce que nous croyons. (pages 161 à 164)

 -Dans l'article 1) sur les réseaux de spins, il n'a jamais été question du temps, la recherche en gravité quantique a tourné très longtemps autour des seules questions spatiales, sans affronter le temps. Or Einstein a montré qu'on ne peut pas séparer le temps et l'espace, mais qu'il faut les penser ensemble comme un tout unique, l'espace-temps. Nous allons donc maintenant ramener le temps dans le sujet, comme cela s'est produit au cours de ces 15 dernières années. L'espace, contenant inerte et amorphe des choses, disparaît de la physique avec la gravité quantique. Les choses devenues des quanta, ne résident plus dans l'espace, mais comme on l'a vu dans mon article 1), elles résident les unes dans le voisinage des autres et l'espace est le tissus de leurs relations (de voisinage). De la même manière, il faut aussi abandonner l'idée de temps comme flux inerte le long duquel se déroule la réalité, flux continu qui s'écoule et au cours duquel se produisent les phénomènes. De la même façon que l'espace n'existe plus (les quanta d'espace ne sont pas dans l'espace), de la même façon, le temps n'existe plus (les quanta de gravité n'évoluent pas dans le temps). C'est le temps qui naît comme conséquence de leur interaction. C'est ce que traduit l'équation de Wheeler-DeWitt qui ne contiennent plus la variable temps. Déjà en relativité générale, le temps apparaissait comme un aspect du champ gravitationnel. Mais en négligeant les quanta, on pouvait encore penser l'espace-temps de façon "conventionnelle", comme le cadre ou la "tapisserie" se déploie l'histoire temporelle du reste de la réalité, même si cette tapisserie est courbe. Mais dès qu'on tient compte de la mécanique quantique, le temps, qui doit avoir les aspects d'indétermination probabiliste quantique, de granularité et de relation, communs à toute la réalité, devient un temps tellement différent de tout ce que nous avons jusque là appelé "temps".

     - Le temps n'est pas ce que nous croyons.

La relativité générale a commencé à modifier l'idée commune que nous avons du temps depuis plus d'un siècle. Avant qu’Einstein ne présente au monde la relativité restreinte, en 1905, et la relativité générale dix ans plus tard, l’univers était simple : dans une boîte, l’espace, s’écoule le temps -le même pour tous. A l’intérieur on trouve de la matière, sur laquelle agissent des forces - la gravité, par exemple. Ces quatre concepts sont vus comme indépendants. « L’apport d’Einstein, c’est de dire qu’ils doivent être unifiés », résume Thibault Damour, spécialiste de la relativité générale et auteur de Si Einstein m’était contéAujourd'hui, l'inadéquation de nos préjugés est fréquemment vérifiée en laboratoire. Le temps ne passe pas de façon égale dans le monde. Dans certains lieux, il s'écoule plus vite ou plus lentement que dans d'autres. La théorie de la relativité générale a montré que le temps passe plus vite à plus haute altitude: "Depuis longtemps, les scientifiques avaient démontré ce curieux effet entre la Terre et l’espace, mais des physiciens viennent de mesurer cet effet dans le quotidien sur une différence d’altitude de seulement 33 cm, démontrant qu’on vieillit un peu plus vite quand on se trouve deux marches plus haut ! Que ceux qui habitent en montagne se rassurent, la différence est bien trop faible pour qu’on puisse le percevoir directement. Il s’agit seulement d’environ 90 milliardième de seconde de plus au cours d’une vie de 79 ans". Mais l'effet existe, il y a bien une différence réelle. Le temps ne fonctionne pas comme nous le pensons habituellement. "Nous ne pouvons pas penser le temps comme s'il s'agissait d'une grande horloge cosmique qui scande la vie de l'univers". Le temps universel newtonien est remplacé par un temps local: chaque objet dans l'univers a son propre temps et ce qui détermine ce temps, c'est le champ gravitationnel.

Ainsi, "Einstein aurait pu réellement bouleverser notre conception du temps il y a un siècle, mais ce bouleversement n'est pas entré dans les esprits, seulement dans nos GPS. Il n'a pas changé notre conception du monde, il n'a même pas été réellement pris au sérieux par les physiciens, ce qu'Einstein lui-même faisait remarquer à son ami Besso peu avant sa mort. Il a fallu attendre le début de notre XXIème siècle, avec Antoine Suarez et les résultats des expériences qu'il a fait faire à l'équipe de Nicolas Gisin" [...] En 2001, son équipe a reproduit et étendu la fameuse expérience d’Alain Aspect de 1982 qui avait mis en évidence la non localité, c'est à dire le constat que des phénomènes en mécanique quantique pouvaient être indépendants de l’espace. En effet, aucune communication entre deux objets très distants (ici des particules jumelles) n'était nécessaire pour qu'ils se comportent comme le même objet. Si l'on prend par exemple l'image d'un dé, tout se passait comme si les particules formaient à l'origine un seul dé dont on pouvait déduire la face cachée (pas encore lue) de sa face visible (lue), sauf qu'avec les particules les numéros ne se forment que lors de leur lecture [...] La conclusion tirée de cette expérience est que compte tenu de l'inversion chronologique constatée, l'information ou coordination qui était à l'origine de la corrélation entre les deux photons et qui n'est apparue qu'au moment de la mesure n'a pas pu transiter comme un signal fantôme de l'un vers l'autre. Elle était donc non seulement indépendante de l'espace mais aussi du temps.

voir http://www.doublecause.net/index.php?page=Antoine_Suarez.htm (antoine suarez, Le physicien qui a enterré le temps).

Certes à l'heure actuelle, on se familiarise de plus en plus avec le temps Einsteinien et le temps local, mais ce dernier ne fonctionne même plus quand on prend en considération la nature quantique granulaire du champ gravitationnel. Les faits quantiques ne sont plus ordonnés par un écoulement du temps sur les très petites échelles, de l'ordre de celle de Planck. Cela ne signifie pas que tout est immuable et que rien ne change, mais au contraire, cela signifie que que le changement est partout, mais les processus élémentaires ne peuvent plus être ordonnés en succession d'instants comme dans la vie courante où tout se passe comme si un chef d'orchestre battait une mesure universelle qui rythme les événements. Dans l'infiniment petit, chaque processus élémentaire "danse" indépendamment de ses voisins, en suivant son rythme propre. L'écoulement du temps est interne au monde. Il naît dans le monde à partir des relations entre des événements quantiques qui sont eux-mêmes le monde et et qui déterminent leur temps propre. Nous allons maintenant essayer de comprendre ce que peut signifier l'inexistence du temps.

3) Le pouls et le luminaire. 

Voir la suite dans mon autre blog à partir du chapitre 3) le pouls et le luminaire: https://monblogdereflexions.blogspot.fr/2017/09/carlo-rovelli-par-dela-le-visible-mon.html#.WplQFOghKWs

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